Les Gitans de Perpignan face à la Covid 19. Analyse d’un cluster, hypothèses et conséquences

Les Gitans de Perpignan face à la Covid 19. Analyse d’un cluster, hypothèses et conséquences

En 2020, à la veille du premier confinement, la ville de Perpignan et particulièrement les quartiers habités par la communauté gitane, ont été identifiés comme « clusters ». Pour comprendre la rapide propagation du virus et la virulence de l’épidémie (47 cas au 20 mars soit 3 jours après l’annonce du confinement, 15 patients en réanimation et 5 décès), une étude qualitative menée par le CREAI-ORS Occitanie et financée par l’ARS Occitanie et Santé publique France, décrit de l’intérieur la réorganisation de l’action publique et associative ; grâce aux discours d’une quinzaine d’intervenants impliqués en « première ligne ». Elle rapporte et analyse également le vécu des publics résidents durant cette période particulière en allant à la rencontre d’une trentaine d’habitants.
L’étude montre que la rapide propagation du virus et sa virulence sont liées à des conditions de vie sociale et économique défavorables, véritables déterminants de santé, qui ont impacté la santé physique et psychique de cette communauté déjà fragilisée.
L’analyse du vécu de la crise sanitaire du point de vue des habitants met en avant trois types d’expériences – confinement-protection, confinement-adaptation et confinement-prison – qui se retrouvent en population générale et qui ne sont pas spécifiques à la culture gitane. Télécharger le rapport

> Pour aller plus loin : Conséquences du Covid-19 chez les Gitans de Perpignan. L’impact des déterminants sociaux de santé avant la culture. Yeghicheyan J, Srocynski M. Vidéo

Projet IODA. Inaptitudes en Occitanie : diagnostics et analyses

Projet IODA. Inaptitudes en Occitanie : diagnostics et analyses

Le projet IODA – Inaptitudes en Occitanie : Diagnostic et Analyses – est l’expérimentation d’un système de surveillance épidémiologique des inaptitudes médicales au travail à l’échelle d’une région afin d’éclairer les stratégies de prévention locales et régionales.
Les médecins de 23 services occitans de santé au travail interentreprises ont enregistré dans leur logiciel métier le ou les diagnostics en cause pour chaque déclaration d’inaptitude. Au bout d’un an, dans l’ensemble de ces services, les données caractéristiques de tous les salariés suivis et les diagnostics portés pour ceux déclarés inaptes ont été extraits et transmis au CREAI-ORS pour constitution d’une base régionale et analyse des données.
Les taux d’incidence des déclarations d’inaptitude ont ainsi été estimés pour différents groupes de travailleurs et différents groupes de pathologies. De plus, certains facteurs de risque ont été identifiés vis à vis de la déclaration d’inaptitude « toutes pathologies », « pathologie de l’appareil locomoteur » et « troubles mentaux ou du comportement ». Au sein du groupe des salariés déclarés inaptes, certains facteurs de risque, différenciés en fonction de la pathologie en cause, ont été mis en évidence.
La pérennisation de IODA permettrait le suivi temporel du taux d’incidence des déclarations d’inaptitude, indicateur majeur de santé au travail, et contribuerait également à l’évaluation des actions de prévention mises en place.

Télécharger le rapport

Télécharger la synthèse

Évaluer son projet en promotion de la santé

Évaluer son projet en promotion de la santé

L’évaluation est définie comme une démarche, un processus, un moyen permettant de mesurer, de juger de connaître, d’améliorer et de décider de la valeur, de l’efficacité ou de la qualité d’une action. Elle est désormais devenue une pratique incontournable en éducation et promotion de la santé. Pourtant, elle peut susciter encore des réticences car elle peut apparaître comme complexe et questionne la qualité de l’intervention. Exercice continu qui se réfléchit en amont de l’intervention, externe ou interne, le travail évaluatif doit se soumettre à un questionnement préalable : évaluer, pourquoi ? quoi ? avec qui ? pour qui ? pour quoi faire ? comment ? L’explicitation des objectifs, la définition du champ de l’évaluation, la clarification du questionnement et la définition des modalités de travail sont des épreuves obligatoires. Il s’agit de rendre explicite ce qui ne l’est pas. Cette réflexion initiale doit permettre de s’entendre sur l’utilisation de cette évaluation, les questions à poser et les critères de jugement. En effet, ce choix n’est pas neutre et relève d’un acte collectif qui engage l’ensemble de la démarche. En plus de montrer l’efficacité des interventions, l’évaluation vise aussi à améliorer les pratiques, appuyer des revendications, faire reconnaitre un secteur d’intervention, redonner du sens et une légitimité aux pratiques, assurer la continuité des programmes, favoriser une meilleure utilisation des fonds publics, améliorer le pilotage et la visibilité des politiques de promotion de la santé. Cette bibliographie propose une sélection de références sur la thématique de l’évaluation. Elle commence par présenter des références méthodologiques sur la construction de projet en promotion de la santé et plus précisément sur l’évaluation. Elle propose ensuite des données sur l’évaluation d’impact en santé (EIS) avant de valoriser des exemples concrets d’évaluation d’actions et de programmes mis en place sur le terrain.

En savoir plus

Vie affective et sexuelle des jeunes

Vie affective et sexuelle des jeunes

Cette bibliographie propose une sélection de références sur la vie affective et sexuelle des jeunes. Elle commence par présenter les données générales sur la santé sexuelle. Elle fait ensuite un focus sur le développement psychosexuel des enfants. Elle aborde également la vie affective et sexuelle des jeunes et leurs comportements et leurs pratiques. Pour finir, elle présente des références de programmes d’éducation à la sexualité, des actions mis en place sur le terrain et des outils visant à favoriser une bonne santé sexuelle des jeunes. Cette bibliographie ne traite pas des violences sexuelles. Une bibliographie spécifique sur la prévention des violences chez les jeunes, réalisée en début d’année 2021, comporte une partie dédiée aux violences sexistes et à caractère sexuel.

En savoir plus

Alimentation et activité physique chez les enfants

Alimentation et activité physique chez les enfants

Cette bibliographie présente les données générales sur la corpulence, le surpoids et l’obésité des enfants. Elle propose ensuite des ressources spécifiques à l’alimentation et à l’activité physique, met en avant les politiques publiques de prévention et les recommandations en vigueur. Pour finir, elle valorise les actions de prévention mises en œuvre sur le territoire pour prévenir l’obésité.

En savoir plus

Nouveau guide HAS. Un cadre national de référence pour l’évaluation globale de la situation des enfants en danger ou risque de danger

Nouveau guide HAS. Un cadre national de référence pour l’évaluation globale de la situation des enfants en danger ou risque de danger

La Haute autorité de santé vient de publier le premier cadre national de référence pour l’évaluation globale de la situation des enfants en danger ou risque de danger.

Ce guide se présente sous forme de 3 livrets. Le premier livret aborde la gouvernance globale du dispositif de recueil et de traitement des informations préoccupantes à l’échelle du département. Le second traite du circuit de recueil et de traitement des informations préoccupantes : étapes, acteurs concernés, contenu, attendu, processus et outils. Le troisième livret propose des outils d’évaluation. Chacun d’entre eux se compose du rappel du cadre juridique, de recommandations  et d’outils pratiques.

Pour accéder à l’intégralité du guide

Formation ANCREAI

L’ANCREAI propose une offre de formation en prévention et protection de l’enfance.

Pour en savoir plus.

Eléments de contexte : de la réforme de 2007 à celle de 2016

La loi du 5 mars 2007 relative à la protection de l’enfance est présentée comme une avancée significative pour la protection de l’enfance en France. Elle est le fruit d’une large concertation entre l’État et les professionnels du secteur. Selon le rapport de Philippe BAS, de mai 2006, l’un des buts de la loi est de multiplier les points de contacts entre enfants, famille et professionnels pour anticiper les difficultés et soutenir les familles avant que leurs situations ne se détériorent. C’est pourquoi, l’un des apports majeurs de la loi de 2007 est de créer un dispositif mieux organisé de détection des enfants en situation de danger, autour des cellules de recueil et de traitement des informations préoccupantes (CRIP). Il s’agit de clarifier le cadre et les procédures de traitement des informations concernant les mineurs en danger et de favoriser une meilleure articulation entre les acteurs qui mettent en œuvre la protection de l’enfance.

Afin de faciliter l’application de la loi, 5 guides pratiques sont publiés par le ministère dès 2007, dont le guide de la cellule départementale de recueil, de traitement et d’évaluation. Ce guide vise à donner un cadre national de référence aux professionnels chargés de l’évaluation des situations individuelles des mineurs et à préconiser des recommandations pour la rédaction des rapports d’évaluation. Cette nouvelle organisation permet d’améliorer le repérage des enfants en danger ou en risque de l’être.

En 2014, le rapport MEUNIER – DINI fait état de fortes disparités territoriales quant à la mise en œuvre de la protection de l’enfance, en particulier concernant les modes de recueil et d’évaluation des informations préoccupantes. C’est pourquoi, la loi du 14 mars 2016 relative à la protection de l’enfant prévoit finalement que le Conseil national de la protection de l’enfance (CNPE) promeuve la convergence des politiques menées au niveau local, dans le respect de la libre administration des collectivités territoriales. Pour autant, fort de l’expérience de la loi de 2007, appliquée qu’en partie par les Conseil départementaux (notamment sur la question des Projets Pour l’Enfant (PPE) ou des Observatoires Départementaux de la Protection de l’Enfance(ODPE)), la loi de 2016 prévoit qu’un cadre national de référence viennent soutenir sa mise en œuvre. C’est donc plus d’une vingtaine de textes réglementaires d’application qui sont publiés en 2016 et 2017. Ainsi, le décret d’application du 28 octobre 2016 relatif à l’évaluation de la situation des mineurs vient préciser les conditions de mise en œuvre de cette évaluation, afin de disposer de référence partagées, d’harmoniser et de fiabiliser les résultats de l’évaluation des situations. Pour autant, le corpus législatif et règlementaire relatif à l’évaluation du danger soulève encore des difficultés d’ordre opérationnel. Par exemple, si des référentiels d’évaluation du danger sont développés en France, ils datent d’avant la loi de 2016, de ses décrets d’application et de la démarche de consensus qui en découle, et ne prennent donc pas en compte leurs apports. D’autre part, les référentiels d’évaluation n’abordent que peu « le circuit » de l’IP, du recueil à la transmission éventuelle au parquet. Enfin, la question de la gouvernance globale du dispositif n’est pas du tout évoquée dans les référentiels préexistants.

La recommandation parue le 20 janvier 2020 s’inscrit ainsi dans le cadre de la Stratégie nationale de prévention et de protection de l’enfance et du plan ministériel de mobilisation et de lutte contre les violences faites aux enfants, dans le prolongement des conclusions formulées à l’issue de la démarche de consensus sur les besoins fondamentaux de l’enfant, qui préconisait notamment l’établissement d’un CADRE DE REFERENCE NATIONAL CONCERNANT L’EVALUATION DES SITUATIONS.

Surveillance de l’état de santé des enfants par les services de PMI en Occitanie

Surveillance de l’état de santé des enfants par les services de PMI en Occitanie

Analyse régionale réalisée à partir de l’enquête nationale Fnors et de rencontres avec des PMI occitanes

L’ARS a sollicité le CREAI-ORS Occitanie pour analyser le recueil de données de santé des PMI des 13 départements d’Occitanie chez les enfants de moins de 6 ans.
Le présent rapport dresse l’état des lieux des pratiques des services départementaux de PMI de la région Occitanie concernant la réalisation des bilans de 3-4 ans auprès des enfants scolarisés de la région. Ce travail correspond à une déclinaison régionale de l’enquête nationale réalisée par la Fnors entre fin 2018 et début 2019. L’objectif de ce travail préparatoire est de faire un état des lieux de l’action des PMI occitans afin d’évaluer les possibles convergences pour la mise en œuvre d’un recueil de données de santé continu des enfants.

Télécharger le rapport

Journées nationales MAS FAM FV FH | 08 au 10 novembre 2021 | TOULOUSE Centre de congrès Pierre Baudis

PROGRAMME

VUE D’ENSEMBLE DES JOURNÉES

Lundi 8 novembre 2021

12h00 – Accueil public / Émargement, remise des mallettes et badges – café

14h00 – Introduction des journées

Habiter entre vulnérabilités et pouvoir d’agir. 
Intervenants pressentis : Charles Alezrah, Président du CREAI-ORS Occitanie | Emmanuelle Jouet, Chercheuse en sciences de l’éducation et de la formation, GHU Paris psychiatrie & neurosciences

14h30 – Conférence plénière

Habiter en établissement : expériences d’ici et d’ailleurs. Intervenant pressenti : Christian Laval, professeur de sociologie à l’université Paris Ouest Nanterre La Défense. 

16h00 – Table ronde

La logique inclusive au sein des établissements et au-delà. Vidéo de professionnels, de personnes concernées, commentée et analysée par un expert. Intervenant pressenti : Dominique Depenne, Docteur en sociologie et sociologie politique, formateur-responsable à Buc-Ressources

17h30 – Cocktail de bienvenue

Mardi 9 novembre 2021

08h00 – Émargement, accueil café

09h00 – Plénière

Parcours de santé, organisation des services, libre choix de la personne, questions éthiques, réponses complexes. Intervenant pressenti : Pascal Jacob, fondateur de l‘association Handidactique et initiateur de la Charte Romain Jacob

10h30 – Pause

11h00 – Plénière

Prise de risques, entre l’acceptation des dommages et responsabilité. Intervenant pressenti : François Vialla, Professeur à l’Université de Montpellier, Centre Européen d’Études et de Recherche Droit & Santé, UMR 5815

12h30 – Déjeuner sur place

Mardi 9 novembre 2021 (suite)

14h00 – 1 atelier au choix / personne / 1ère séance

1. Le quotidien dans une MAS, entre liberté des résidents et contraintes institutionnelles

2. La place des aidants, au sein de l’établissement et en dehors

3. Soutenir les souhaits et désirs de la personne accompagnée, mais comment décrypter ?

4. Foyer de vie, foyer d’hébergement, construire son habiter à partir d’une notification MDPH et une aptitude au travail

5. Habiter un établissement, vivre dans un territoire

6. Travailler en établissement : conjuguer les écarts entre représentations, formations, pratiques et les possibles d’intervention

16h00 – 1 atelier au choix / personne / 2e séance

Parmi les 6 propositions ci-dessus

Mercredi 10 novembre 2021

08h00 – Émargement, accueil café

09h00 – Restitution des ateliers

Synthèse des travaux distincts du 09/11 à partir d’éléments graphiques

09h30 – Film et table ronde

Témoignage d’une personne présentant où elle vit et où elle a vécu 

Table ronde réunissant professionnels, personnes accompagnées et familles

11h00 – Conclusion et perspectives

Conclusion : rapport d’étonnement d’un grand témoin

12h00 – Clôture des journées

PRÉSENTATION DES ATELIERS

ATELIER 1

Le quotidien dans une MAS, entre liberté des résidents et contraintes institutionnelles

ANIMATRICES : Valérie ZANIN / Corinne BAILLY

Pour une personne accompagnée en MAS, le quotidien de vie constitue chaque moment de son parcours de vie, parcours de vie qui doit être au sens des Recommandations de bonnes pratiques professionnelles (RBPP) dans une qualité de vie.
Cette qualité de vie, l’OMS la définit comme « la perception qu’a un individu de sa place dans l’existence, dans le contexte de la culture et du système de valeurs dans lesquels il vit, en relation avec ses objectifs, ses attentes, ses normes et ses inquiétudes. Il s’agit d’un large champ conceptuel, englobant de manière complexe la santé physique de la personne, son état psychologique, son niveau d’indépendance, ses relations sociales, ses croyances personnelles et sa relation avec les spécificités de son environnement ».
Une proportion importante des personnes accueillies en MAS ou en FAM est en situation complexe de handicap. Le décret du 20 mars 2009 (article D. 344-5-1 du Code de l’action sociale et des familles) indique que « ces personnes présentent une situation complexe de handicap, avec altération de leurs capacités de décision et d’action dans les actes essentiels de la vie quotidienne ». Elles sont en situation de grande dépendance ou de grande vulnérabilité, et ont besoin d’un accompagnement dans les actes essentiels de la vie quotidienne et pour communiquer.
Trois éléments rendent compte de l’exigence d’une réflexion éthique qui fonde l’action des professionnels dans le secteur social et médico-social :
– la vulnérabilité des personnes accueillies ou accompagnées et les situations problématiques qui en découlent,
– l’articulation entre les dimensions individuelles et collectives dans le travail d’accompagnement et l’intervention de professionnels relevant de disciplines différentes,
– le caractère évolutif du travail médico-social dans l’accompagnement au quotidien.

« Une réflexion éthique vise à déterminer le « bien agir » en tenant compte des contraintes relatives à des situations déterminées »[1].
Il faut sans cesse évaluer ce qui est de l’ordre de la contrainte, de l’empêchement, de l’interdit, de la sécurité ou des besoins essentiels et ce qui est de l’ordre du désir, du projet, du souhait, des attentes.
La vulnérabilité des personnes accompagnées en MAS pose la question du soin, qui doit s’articuler avec les autres besoins de la personne tels que la vie sociale, la citoyenneté, les activités dans une approche globale, autrement dit écologique.
De nombreux principes sont en tension, ainsi qu’en témoignent par exemple les couples suivants :
– capabilité et vulnérabilité
– liberté et sécurité
– protection et émancipation (autonomie)
– prévention et correction des effets de l’exclusion
– individualisation de l’accompagnement et recherche de la cohésion sociale
– exercice de la citoyenneté et mise en œuvre de mesures contraintes
– personnalisation de l’accompagnement et règles de la vie collective. 

L’objectif de cet atelier sera de développer une réflexion pour à la fois identifier l’ensemble des questionnements et les leviers pour agir : interdisciplinarité et coordination des professionnels, projet personnalisé, évaluation des besoins des personnes, soutien à la communication, l’expression, la participation, compréhension de l’environnement…
La base des échanges aura comme point de départ les Recommandations de bonnes pratiques professionnelles et s’appuiera sur des présentations de cas. Il sera question de travailler la gestion des paradoxes qui ne se posent pas de la même manière selon les profils cliniques mais qui doivent se traiter sur le même plan éthique dans une volonté de soutien des capabilités et la défense des droits.

[1] Définition retenue par l’ANESM dans la RBPP – Définition de J.-J. NILLÈS, prenant en compte des travaux de A. BADIOU et de P. RICOEUR

ATELIER 2

La place des aidants, au sein de l’établissement et en dehors

ANIMATEURS : Claude CALERO / Claire GARCIA

Habiter en établissement, c’est vivre dans un environnement particulier. Entourées au quotidien par des professionnels, les personnes construisent aussi leur rapport au monde et leur équilibre personnel dans la qualité des liens établis avec leurs pairs et leur famille.
Vivre en établissement, c’est parfois être accompagné par une équipe de professionnels pendant des dizaines d’années. Mais il ne faut pas se tromper, ces liens si particuliers que les professionnels tissent avec les personnes seront toujours différents de ceux qui les lient avec les membres de leur famille, quelle que soit l’empathie des professionnels. Sur ce point, les professionnels sont très au clair. Ils appréhendent d’ailleurs le rôle indispensable des aidants qui accompagnent leur proche à partir d’un savoir profane mais expérientiel très précieux. La difficulté est alors de faire vivre en harmonie la place et le rôle de chacun autour de la personne.
Autrement dit, pour des personnes en situation de handicap, le rapport aux autres, aux pairs et aux aidants est nécessaire et indispensable. Accompagner les personnes nécessite de prendre en compte cet aspect et de l’animer. La communication avec l’entourage, la construction de la confiance entre intervenants professionnels et aidants, l’ajustement de la posture pour que chacun soit à la bonne distance est un travail permanent, d’une technicité fine mais souvent peu formalisée.
Utiliser des outils de communication et de transmission sur le quotidien des personnes dans le respect de leur volonté, associer les familles à la construction du Projet Personnalisé, animer le Conseil de Vie de Sociale sont autant d’enjeux clés à la réussite de ces coopérations.
Parfois des espaces sont nécessaires pour soutenir les accords, travailler les oppositions, traiter les incompréhensions entre l’ensemble des personnes qui forment l’entourage de la personne concernée. Se surajoutent les problèmes de distance géographique mais aussi l’avancée en âge des personnes et des aidants eux-mêmes.

L’objectif de cet atelier sera de traiter ces enjeux autour de la rencontre entre les savoirs expérientiels des proches et des savoirs professionnels. Faisant l’hypothèse que cette complémentarité des regards, des évaluations, des solutions est un atout pour le soutien des capabilités des personnes, leur épanouissement et le maintien ou le gain de compétences.
Pour réussir, de nombreux postulats sont nécessaires. Après avoir clarifié la notion « d’aidant », les intervenants de cet atelier présenteront leur expérience où après des approximations, des tâtonnements, des essais et des erreurs, des incompréhensions et parfois des désaccords, cette coopération a pu se mettre en place, permettant aux aidants et aux accompagnants professionnels de se situer chacun dans leur rôle pour le bien-être de la personne concernée.

ATELIER 3

Soutenir les souhaits et désirs de la personne accompagnée, mais comment décrypter ?

ANIMATEURS : Sandrine TURBET-DELOF / Patrick TARIOL

Depuis la loi du 2 janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale, la place de la personne a été remise au centre de l’action. Il s’agissait alors de s’éloigner d’une logique d’infantilisation et de placer la personne en tant qu’acteur et citoyen, apte à donner son avis, à coopérer, voire coconstruire ce qui lui est proposé en matière de soins comme d’accompagnement. Les Conseils de la Vie Sociale en sont la partie émergée.
Être à l’écoute des besoins, des désirs, mais aussi des souffrances de chacune et chacun ; puis adapter les réponses en fonction des capacités et des difficultés de chacun est un enjeu permanent de l’accompagnement des personnes en situation de handicap.
Il paraît aisé de répondre lorsque les besoins sont clairement exprimés, mais la plupart du temps, il s’agit pour les professionnels de décrypter, décoder, interpréter, en n’étant jamais certains que cette interprétation soit tout à fait exacte et que la réponse soit tout à fait adaptée. L’écoute active, en questions ouvertes, en communication non verbale, en aide à l’expression des émotions est déterminante.
Notons que parfois, les besoins exprimés par les personnes bousculent l’entourage de la personne, professionnels comme aidants. Recueillir, comprendre et favoriser l’expression demande non seulement de l’écoute et de l’observation, mais aussi et surtout d’être attentifs à adopter une attitude positive dans ce dialogue. Et même en étant vigilants, les professionnels sont conscients que l’expression de la personne accompagnée restituée n’est pas certaine à 100 %. Ici, il est nécessaire de travailler sur les temporalités. Les objectifs du projet vus par le résident et les nécessités de service ou l’expérience des accompagnants peuvent s’opposer, rarement sur leurs fondements, mais régulièrement sur les étapes nécessaires à la réalisation de ces objectifs. Des tensions et des incompréhensions peuvent apparaître et l’important alors est qu’elles n’annihilent pas la démarche.
Être parent d’une personne lourdement handicapée renforce chez certaines familles le sentiment de protection envers l’adulte fragilisé, ce qui rend encore plus difficile le fait d’aborder le travail de réflexion autour de son autonomie. Les familles, comme professionnels, doivent décrypter, décoder, interpréter, chacun dans leur propre subjectivité. De ce fait, parfois l’expression des personnes concernées n’est pas traduite de la même manière par l’entourage et les accompagnants professionnels, à l’origine de tensions ou d’incompréhension.
La pandémie de COVID-19 et le confinement ont profondément bouleversé la vie des quelques dix millions de personnes handicapées en France. Entre inquiétudes pour leur santé, manque de masques et débrouille, personnes accompagnées, professionnels et familles ont tous rencontré des difficultés. Le confinement, immensément long a rappelé à tous, au-delà de certaines habitudes, que la personne accompagnée pouvait s’opposer à une visite, en refusant d’être amenée vers ses proches. En effet, ces visites ne pouvaient se faire « qu’à la demande des résidents ». Autrement dit, il serait nécessaire de compléter le titre de ces journées « viens chez moi SI JE VEUX, mais ne viens pas si je ne t’y autorise pas ! ». Comment explique-t-on alors à une mère que son fils exprime le fait qu’il ne veut pas la voir ?
D’autres situations bousculent les certitudes de ceux qui reçoivent l’expression des personnes accompagnées. Le désir d’enfant des personnes en situation de handicap définit de nouveaux enjeux entre la personne concernée, son entourage, les professionnels qui l’accompagnent et ce potentiel futur nouveau-né. Le désir d’habiter hors les murs d’une institution est aussi une grande question qui inquiète parfois à juste titre, parfois de manière excessive, ceux qui entourent les personnes concernées.
À partir de différentes situations et par la présentation d’outils spécifiques, l’objectif de l’atelier sera de comprendre et d’analyser les tensions entre l’expression des personnes, la manière dont on la reçoit, la manière dont on l’accepte, et ce qu’on en fait.

ATELIER 4

Foyer de vie, foyer d’hébergement, construire son habiter à partir d’une notification MDPH

ANIMATEURS : Ludovic DOS SANTOS / Nathalie GAUZIN / Marc LACOME

L’objectif de cet atelier est de décrire et d’appréhender les processus à l’œuvre dans une triple tension improbable pour un profane (handicap/capacité au travail/habiter) générant des paradoxes continus.
Un Foyer de Vie, comme un Foyer d’Hébergement, accompagne les personnes dans un périmètre déterminé. Être accompagnée dans ce périmètre permet à la personne de s’inscrire dans un projet d’habiter. Mais dès que les situations des personnes changent, elles précarisent leur droit à se maintenir dans leur lieu de vie. C’est le cas, par exemple, quand leur état de santé se détériore, que ce soit en termes de santé physique ou psychique, réduisant leur capacité à agir et la possibilité de maintenir leur accompagnement. Les transitions sont des étapes sensibles.
L’accès d’un jeune à un lieu de vie qui marque l’accès à l’âge adulte est clairement différent de celui d’un jeune en établissement de l’enfance qui habite chez ses parents et est hébergé en ESMS.
La retraite est aussi un grand enjeu. Comme tout travailleur, la personne en situation de handicap doit faire valoir ses droits à la retraite. Toutefois, si son lieu de vie est conditionné par le fait qu’elle travaille, que se passe-t-il alors pour elle ? Après avoir vécu parfois des dizaines d’années dans ce lieu, qu’il soit collectif ou individuel, elle doit partir, être orientée vers des dispositifs qui sont encore à construire ou consolider (PHV, EHPAD…). Le problème est profond car nombre d’unités sont créées afin de pallier ces situations sans réellement être encore inscrites dans une politique publique claire et cohérente. On peut d’ailleurs déplorer ce manque d’anticipation, car depuis 20 ans et les premiers travaux s’intéressant aux personnes vieillissantes en situation de handicap, notamment ceux du CREAI Languedoc-Roussillon, les enjeux et les besoins sont connus de tous.
Un regard naïf sur ces trajectoires conditionnées par la notification MDPH et la capacité de travail interrogerait alors la manière de promouvoir le pouvoir d’agir, ou dans un autre vocable l’autonomie et ne parlons pas de la continuité de parcours.
Soulignons aussi, qu’au sein des établissements, les personnes accompagnées ont des profils multiples. Si le handicap est apparu dans l’enfance, les enjeux ne sont pas les mêmes que s’il est apparu du fait d’un accident de la vie. Si le handicap est psychique ou physique, l’accompagnement est différent.
Seront aussi appréhendées les questions autour des modes d’habitat collectif, de colocation, en appartement au sein d’un collectif et en appartement « en diffus ». Ce panel d’offres est un support utile aux professionnels pour permettre aux personnes de se saisir d’opportunités pour exercer leur pouvoir d’agir.
Le système fait finalement fonctionner les FV et FH comme des lieux de passage, au sein desquels on entre, on y vit pendant parfois des dizaines d’années mais aussi dont on sort.
Cet atelier a pour ambition de traiter ces questions, de partager des expériences de terrain de professionnels et d’entendre le point de vue de personnes concernées au travers de récits de vie.

ATELIER 5

Habiter un établissement, vivre dans un territoire

ANIMATEURS : Frédéric VANDAMME, Antoine FRAYSSE

Droit commun, milieu ordinaire… Ces deux expressions, largement utilisées par les acteurs de l’accompagnement des personnes en situation de handicap, revêtent pourtant une connotation particulière : qu’est-ce que le droit commun dans une République où les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit ? Qu’est-ce que le milieu ordinaire dans une société où il est reconnu à chaque citoyen les mêmes droits, dans une nation qui condamne toutes formes de discrimination ?
Ces deux expressions donnent ainsi le sentiment d’une frontière entre différentes catégories de citoyens, des quelconques, des ordinaires, des banaux, et d’autres extraordinaires, bénéficiant d’un droit dérogatoire aux autres communs.
L’admission en établissement, qui constitue un logement, est telle que « l’usager » prend dès lors le statut de résident. Est-ce que l’institution dans son caractère collectif serait un logement hors du commun ? Qu’en serait-il de toutes les colocations, de toutes ces familles qui habitent sous un même toit, où « chez soi » est aussi « chez l’autre » avec les contraintes, droits, devoirs, obligations, bonheurs, plaisirs et désagréments qui en résultent.
Le résident habite donc l’institution, vit dans son territoire où il rencontre ses voisins, qu’il invite parfois (ou se fait à son tour inviter), il est client des commerces, il supporte les sportifs de sa ville, il est membre des associations locales, il est électeur et peut participer au choix de son maire.
Dès lors, comment penser un projet d’établissement qui permette véritablement cette pleine reconnaissance de l’égalité des droits « ordinaires » ? Comment aider et agir pour que le commerçant accueille celui qui achète, et plus seulement celui qui accompagne ? Comment apprendre à faire la queue au cinéma sans se prévaloir d’un passe-droit pour son statut de situation de handicap ? Quelles relations avec nos élus qui en appellent à leurs suffrages ? Avec nos associations et clubs locaux pour l’accueil de bénévoles, de supporters ou de membres ?    
À travers le témoignage de professionnels de la MAS L’ORRI, et du témoignage de personnes concernées, cet atelier a pour ambition d’ouvrir le débat sur les apports de l’action des professionnels de MAS/FAM/FH sur l’environnement des personnes, sur le territoire d’implantation de l’établissement pour permettre aux personnes accompagnées d’être libres de leurs choix et participer pleinement à la vie de leur territoire.

ATELIER 6

Travailler en établissement : conjuguer les écarts entre représentations, formations, pratiques, et les possibles d’intervention

ANIMATEURS : Yvonne RIBA / Lysiane ASCOLA

La loi 2002-2 est venue poser un cadre légal et des outils de contrôle qui encadrent la prise en charge et l’accompagnement des résidents en structures médico-sociales.
Dès leur admission, l’établissement devient leur habitat et eux deviennent des résidents.
Les professionnels viennent donc travailler au domicile de ceux-ci.
Les formations professionnelles amènent des apports théoriques, des connaissances, des savoir-faire, mais nombreux sont les écarts entre la théorie et la pratique, d’autant plus dans nos métiers de l’humain.
Qu’en est-il de l’apprentissage de la posture professionnelle et du savoir-être ?
Le cadre réglementaire et les outils de la loi sont connus des apprenants, mais l’essentiel est de faire du lien entre ces outils et leur application concrète dans le quotidien du résident et de lui permettre d’exprimer ses désirs, ses envies, ses besoins, ses attentes…
La relation qui se noue, entre les professionnels et les résidents dans l’accompagnement au long court, permet d’avoir une connaissance fine de la personne, mais cette connaissance n’est-elle pas parfois un frein aux possibles ? Ce lien demande de garder une juste distance ? Une juste proximité ?
L’arrivée de jeunes professionnels aves beaucoup de possibles réalisables ou non permet une nouvelle perception du résident, dans l’évaluation de ses capacités et compétences.
L’expérimentation prend alors toute sa place dans l’accompagnement, les pratiques sont questionnées.
La bienveillance des professionnels en poste, leur soutien, leurs explications, leurs questionnements sur la cohérence entre les propositions faites et le PAP du résident font la richesse du travail d’équipe.
Pour autant, au bout d’un certain nombre d’années, comment continuer à exercer ce métier en gardant l’envie, la fraîcheur, l’entrain, la motivation ? Comment faire que les prestations proposées restent innovantes, créatives et réalistes et centrées sur les souhaits et potentialités des personnes tout en osant ouvrir de nouvelles portes ?
Comment faire pour articuler les connaissances, les savoirs, les idées de l’ensemble des professionnels qui interviennent dans l’accompagnement des résidents ?
Deux temps permettront de mettre en exergue ces problématiques. Le premier s’appuiera sur un regard croisé de professionnels formés dans les années 2000 ou avant et d’autres tout juste issus de leur formation. Ce temps voudra expliciter la manière dont les savoirs issus de la formation viennent se confronter aux réalités de terrain. Il sera question ici de comprendre les modalités de collaboration entre les professionnels permettant de construire des accompagnements positifs pour les personnes, malgré les différences de représentations, d’expériences et de savoirs.
Le second temps sera consacré à la cuisine. Habiter dans un établissement, c’est aussi manger dans l’établissement. Il sera question ici, de décrire la place et le rôle de ces professionnels, qui ne sont pas formés à l’accompagnement mais qui pour autant agissent au sein de la structure, souvent de manière directe avec les résidents et les professionnels de l’accompagnement.
Il sera question dans cet atelier de la construction des professionnalités, du travail de coopération et de la construction des savoirs expérientiels issus de la pratique.